Hai voluto la bicicletta?

Rédigé par Loïc Aucun commentaire
Classé dans : Amorgos Mots clés : aucun

... E adesso pedala !

C'est ce que j'ai fait.
J'avais souvent entendu cette expression italienne ; maintenant j'étais au "pied de la route" avec mon vélo et ses bagages, plus de 30 kg en tout.
Patras n'était pas vraiment un lieu de villégiature, plutôt un cauchemar à traverser pour trouver sa route.
Celle que je cherchais, c'était l'ancienne route nationale qui longeait la mer jusqu'à Corinthe. J'ai traversé des zones portuaires, contourné des ronds point, me suis égaré vers des échangeurs autoroutiers, pour enfin rejoindre d'agréables petites routes qui serpentaient le long du litoral.
Le vélo bleu m'a emmené sur près de 40 km avant de trouver une place où planter la tente au bord de l'eau.
Un petit camping inatendu, qui semblait fermé mais où on pouvait cependant s'installer.
C'était une aubaine, car en cette saison les structures d'accueil étaient rares.
À propos de camping, ici pas de stress : on s'installe, et tranquillement le lendemain, ou plus tard encore, on envisage d'éventuelles formalités, peut être. Ce qui est cadré et chronomètré chez nous est ici d'une importance relative. Ça ne veut pas dire que les choses ne se font pas, mais elles se font dans un autre état d'esprit.
J'ai donc installé ma tente près du rivage et emporté par le son des vagues qui effleuraient les galets, et des tours de roues sans fin, je me suis laissé gagner par le sommeil.

Le jour suivant, le ciel était dégagé mais avec un vent frais plein Est. J'allais justement à l'est. J'ai réalisé qu'à bicyclette ce ne sont pas seulement le poids des bagages, la dénivelation, mais aussi le sens et la force du vent qui comptent. Ici pas moyen de tirer des bords pour pénétrer peu à peu dans le golfe de Corinthe et rejoindre l'étroit canal qui relie la mer Ionienne à la mer Egée. Aussi c'est contre le vent que j'ai pédalé toute la journée. Les km s'enchaînaient, la fatigue s'accumulait, le bivouac de la nuit près de l'eau avait été frais et pas reposant et aucun point de chute en vue. Il était temps de s'arrêter pour étudier les choix possibles : bivouac, chambre chez l'habitant dont aucun ne repondait à mes appels. Pas de solutions. La situation devenait compliquée. J'étais dans mes pensées quand soudain apparut, surgie de je ne sais où une silhouette menue sur un vélo chargé comme un mulet. C'était Claire, une jeune française qui voyageait à vélo depuis 1 mois et demi avec plus de 2000 km. On était dans la même galère et unissant nos efforts nous avons choisi de rejoindre le bourg de Xylocastro à environ 20 km pour partager une chambre dans le seul hôtel disponible ce jour là. S'encourageant mutuellement - enfin c'est surtout Claire qui m'encourageait avec l'énergie de ses 20 ans - c'est à bout de souffle et affamé qu'après 80 km contre le vent j'ai enfin rejoins l'hôtel. Le lendemain j'ai continué la route vers Corinthe et son canal, puis le port du Pirée où j'avais rendez-vous avec le "BlueStar" pour Amorgos.
L'île mythique de la mer Egée était à quelques heures de bateau.

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