Χρόνια πολλά !

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Ce n'étaient pas "Les pâques à New York" mais "ma pâque" dans l'île orientale des Cyclades, là où il est difficile de discerner l'horizon tant le ciel se confond avec la mer. J'évoque ici le poignant poème de Cendrars pour parler de pâque, car le récit de ses aventures, réelles ou surtout imaginaires, m'a souvent fait voyager, notamment avec "Bourlinguer".

C'était donc "ma pâque" à Amorgos. Car ce n'était pas le hasard qui m'avait emmené en Grèce à ce moment là avec le vélo bleu. J'avais choisi cette période, celle de la pâque orthodoxe, la "Megali evdomada" c'est à dire la grande semaine ou plutôt la semaine sainte. Un moment de l'année important dans la vie des grecs où ils se retrouvent souvent dans leur village d'origine.
Au delà du fait religieux, pâque est donc la grande fête de l'année où on offre à ses proches des œufs peints en rouge, en guise de porte-bonheur et il n'y a pas une île, pas un village, pas une famille sans l'agneau à la broche le dimanche pascal.
Quelques jours plus tôt, le vendredi saint quand la nuit tombe, se déroule une émouvante procession avec l’épitaphe. Elle est décorée de fleurs et symbolise le tombeau du Christ. À la sortie de l'église, au moment où la procession avec l'épitaphe commence, il faut voir les jeunes du village bondir de ruelles en ruelles avec pour mission d'allumer un à un les flambeaux qui jalonnent le trajet du cortège.
Après une longue célébration, le samedi à minuit les cloches sonnent, on allume des cierges et il y a un grand feu d'artifice.

À Amorgos, du haut de l'église de Potamos qui surplombe la baie en amphithéâtre d'Aegiali sur la mer Egée, c'était un spectacle magique. Les sons des cloches et des feus des villages de l'autre côté de la baie répondaient en écho à ceux de Potamos. Et le dimanche midi c'était la fête autour de grandes tablées avec bien sûr l'agneau à la broche. Les Grecs dansaient, buvaient au son du "rebétiko" et la fête continuait tard dans la journée.
Et puis au moment de se saluer, on entendait "Χρόνια πολλά" (Chrónia pollá) c'est à dire "beaucoup d'années", suivant le cas, "bonnes fêtes" ou "bon anniversaire", ou alors "Chrónia pollá kai kala" : "de nombreuses et bonnes années".

Les feux d'artifices s'étaient tus, des guirlandes de cierges descendaient vers la mer Égée, il était tard et temps cette nuit du 28 avril 2019 de contempler d'autres lumières propices aux rêves : les étoiles.

Amorgos

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La proue du navire fendait la nuit noire, mais on distinguait quand même une ombre massive qui se rapprochait lentement. Le bar avait tiré ses volets, sur le pont inférieur, les marins préparaient les amarres. Bientôt, la manœuvre commencerait, et comme le rideau d'un théâtre la poupe du navire s'ouvrirait pour laisser apparaître le village de maisons blanches.

J+10

J'étais de retour à Amorgos, arrivé la nuit à 2 heures du matin ce 25 avril, avec mon vélo bleu.

Hai voluto la bicicletta?

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... E adesso pedala !

C'est ce que j'ai fait.
J'avais souvent entendu cette expression italienne ; maintenant j'étais au "pied de la route" avec mon vélo et ses bagages, plus de 30 kg en tout.
Patras n'était pas vraiment un lieu de villégiature, plutôt un cauchemar à traverser pour trouver sa route.
Celle que je cherchais, c'était l'ancienne route nationale qui longeait la mer jusqu'à Corinthe. J'ai traversé des zones portuaires, contourné des ronds point, me suis égaré vers des échangeurs autoroutiers, pour enfin rejoindre d'agréables petites routes qui serpentaient le long du litoral.
Le vélo bleu m'a emmené sur près de 40 km avant de trouver une place où planter la tente au bord de l'eau.
Un petit camping inatendu, qui semblait fermé mais où on pouvait cependant s'installer.
C'était une aubaine, car en cette saison les structures d'accueil étaient rares.
À propos de camping, ici pas de stress : on s'installe, et tranquillement le lendemain, ou plus tard encore, on envisage d'éventuelles formalités, peut être. Ce qui est cadré et chronomètré chez nous est ici d'une importance relative. Ça ne veut pas dire que les choses ne se font pas, mais elles se font dans un autre état d'esprit.
J'ai donc installé ma tente près du rivage et emporté par le son des vagues qui effleuraient les galets, et des tours de roues sans fin, je me suis laissé gagner par le sommeil.

Le jour suivant, le ciel était dégagé mais avec un vent frais plein Est. J'allais justement à l'est. J'ai réalisé qu'à bicyclette ce ne sont pas seulement le poids des bagages, la dénivelation, mais aussi le sens et la force du vent qui comptent. Ici pas moyen de tirer des bords pour pénétrer peu à peu dans le golfe de Corinthe et rejoindre l'étroit canal qui relie la mer Ionienne à la mer Egée. Aussi c'est contre le vent que j'ai pédalé toute la journée. Les km s'enchaînaient, la fatigue s'accumulait, le bivouac de la nuit près de l'eau avait été frais et pas reposant et aucun point de chute en vue. Il était temps de s'arrêter pour étudier les choix possibles : bivouac, chambre chez l'habitant dont aucun ne repondait à mes appels. Pas de solutions. La situation devenait compliquée. J'étais dans mes pensées quand soudain apparut, surgie de je ne sais où une silhouette menue sur un vélo chargé comme un mulet. C'était Claire, une jeune française qui voyageait à vélo depuis 1 mois et demi avec plus de 2000 km. On était dans la même galère et unissant nos efforts nous avons choisi de rejoindre le bourg de Xylocastro à environ 20 km pour partager une chambre dans le seul hôtel disponible ce jour là. S'encourageant mutuellement - enfin c'est surtout Claire qui m'encourageait avec l'énergie de ses 20 ans - c'est à bout de souffle et affamé qu'après 80 km contre le vent j'ai enfin rejoins l'hôtel. Le lendemain j'ai continué la route vers Corinthe et son canal, puis le port du Pirée où j'avais rendez-vous avec le "BlueStar" pour Amorgos.
L'île mythique de la mer Egée était à quelques heures de bateau.

Vers l'autre rive

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Au départ d'Ancona, j'avais un billet en classe "pont", mais au final j'ai pu m'installer à l'interieur du ferry pour la nuit, entre les rangées de sièges avions. Heureusement, car il faisait frais et le pont était recouvert d'un film poisseux de mazout mélangé d'embruns, qui rendait le bivouac marin peu agréable et salissant.
Aujourd'hui pourtant, l'odeur de mazout et d'embruns est comme une "madeleine de Proust" qui évoque ces traversées en ferry à l'époque où les avions étaient onéreux. Une émanation surgie du passé qui rapelle le temps des destinations vers Ibiza, Formentera, Ios, Heraklion puis Matala, dans les années 70. Elles étaient synonymes d'aventure, de liberté et c'est des impressions de ces voyages là que je retrouve en cheminant avec mon vélo bleu.

Les machines crachaient leur épaisse fumée noire en même temps que les rayons du soleil se couchaient lentement sur les vagues et après quelques heures de sommeil c'est dans l'après midi du vendredi 19 avril que je suis arrivé à Patras par un temps couvert.

À travers la plaine...

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C'est à pas de loup vers 5 heures du matin de ce mardi 16 avril que me suis faufilé en dehors du cloître : une ambiance particulière au milieu des vielles pierres qui évoquait la magie des lithurgies nocturnes du Mont Athos .
5 heures du mat' ce n'était pas vraiment ce dont je rêvais, mais je voulais faire mon possible pour attraper à temps le bateau à Ancona. Ce départ matinal a cependant permis de tester l'éclairage de ma bicyclette ! J'ai pris des trains à travers la plaine du Pô, à la hauteur de Voghera, avec ses champs au soleil levant, et j'ai continué ma nuit emporté par le sommeil et les trépidations de la motrice. Après presque une journée de voyage et quelques tours de roue, je suis enfin arrivé à Ancona avec de l'avance, ce n'était cependant pas de trop pour trouver où dormir : tous les camping fermés, hôtels chers et sans emplacement pour mon vélo. Heureusement j'ai trouvé une petite pension "affittacamere Euro" en plein centre avec un bon accueil et une place pour le vélo ! La journée de mercredi a permis de faire une vingtaine de Km dans les hauteurs d'Ancone, et de trouver un marchand de vélo pour faire quelques ajustements concernant les bagages et la bicyclette... J'y reviendrai dans un billet consacré au vélo.
Ce jeudi midi, c'est enfin l'embarquement vers Patras : arrivée prévue demain après-midi, mais sur le ferry c'est déjà la Grèce avec les odeurs, les dialogues et la musique.

À bientôt et "γεια σας"

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